mercredi 13 août 2008

Fort-Coulonge

Mardi soir le 12 août 2008 à environ 20h08. Je ne peux simplement pas y croire. En pleine folie de Beijing 2008 et je n’ai même pas de Tivi pour voir ce que nos canayens n’ont pas réussi avant-hier, je pense. Pas grave. Il y a autre chose pour compenser.

Je vais tenter de vous décrire au meilleur de ma connaissance les lieux où je me trouve présentement. Selon Google Maps, l’endroit où je me trouve est à 3 heures 48 minutes de Montréal. Soyons maintenant un peu plus précis. Première étape de mon périple : me rendre à Gatineau. Environ 2 heures. Plus ou moins 30 minutes dépendamment si je me limite à ma Belle province ou si j’ose emprunter la voie rapide passant en Canada par l’Ontario et pire encore, Ottawa la capitale de notre beau pays. Rendu à Gatineau, il faut trouver la route 148 Ouest. Oui oui, le boulevard St-Martin de Laval en personne! Même si son nom indique l’ouest, cette route comme la plupart des nôtres triche un peu. Je dirais qu’à partir de là, elle est plutôt Nord mais enfin, nous y reviendrons. C’est par cette route que je suis donc parvenu dans la région de Pontiac. Pas le char, la région. J’ai donc longé la rivière des Outaouais ou à peu près jusqu’à Fort-Coulonge.

Jusqu’ici, rien de spécial à signaler si ce n’est que le paysage était splendide avec un début de soleil. Oui, cette même boule de feu qui semble avoir le pétard mouillé depuis le début de l’été. En arrivant où je devais coucher et donner mon cours le lendemain, j’ai eu comme un genre de choc. Après avoir ramassé mon dentier dans le fond du char et refermé gentiment ma mâchoire qui semblait quant à elle coincé en mode ouverte, je me suis dit dans mon propre subconscient : « Ben voyons, ça se peut pas! ». L’auberge Spruceholme doit dater de la fondation de Fort-Coulonge et selon ce que j’ai pu constater, la municipalité a été fondée en 1888 après J.-C. Ça ressemble à un manoir comme on peut en voir dans certains films si on ne peut le faire via le voyage.

Comme c’était la bonne adresse et surtout le bon nom, je m’y suis donc aventuré. En ouvrant la porte d’entrée, encore comme dans les films, un hall pourvu d’un escalier géant qui ne semble pas vouloir se terminer... Une commode qui semble elle aussi ressortir directement du 19e siècle. La madame qui venait avec le décor ne provenait pas du 19e mais probablement que sa mère à elle y a peut-être vu le jour. Médisances, médisances... Toujours est-il qu’elle était fort gentille et avec un accent « Britte » comme il ne s’en fait probablement même plus en Angleterre. Je dois avouer n’y être jamais mis les pieds mais j’ai presque vu tous les films de James Bond alors ça doit compter un peu dans mon jugement de valeur.

D’entrée de jeu, elle m’indique où se déroulera le « seminar » du lendemain. Je me suis soudainement pris pour un vrai « professor » donnant des séminaires recherchés par toute une collectivité. « Seminar », je crois que je vais la garder en stock dans un de mes tiroirs mémoire pour utilisation prochaine. Je trouve que dans une conversation de thé à Outremont ou ailleurs, ça se placerait très bien. En entrant dans la pièce, j’ai retenu tant bien que mal l’appareil dentaire auquel je faisais allusion précédemment car il a bien faillit se retrouver sur le beau plancher de bois franc, probablement frais ciré par la même madame qui n’est pas née dans le 19e siécle et que j’avais aussi précédemment présentée. La salle à manger de la place me servira donc de salle de formation. Il me semble que ça me fera un peu bizarre de voir mes habituels appareils, disons-le, technologiques côtoyer l’espace de quelques heures ce vaissellier remplies de jolies petites tasses que je ne pourrait même pas utiliser faute de doigts trop gros pour passer dans l’anse sans risque de la casser pour le ressortir. Comme le dirait mon plus récent idole : Shrek. De la belle vaisselle avec des belles tites fleu-fleurs. J’imagine un peu un souper en famille dans cette salle à manger. Chantal assise à un bout de la table, moi à l’autre. Marilou qui ne cesse de changer de place à la course parce qu’il y en a tout pleins de disponible. L’embarras du choix a tendance à l’exciter quelque peu. Il n’arriverait probablement rien de grave, mais... Et moi le papa poule qui fait du sang de cochon juste à penser qu’elle pourrait peut-être accrocher une tasse ou deux ou même le meuble au complet et le faire tomber. Tout bien considéré : vive notre table à quatre chaises dans notre salle à manger d’Ahuntsic. Moins de choix de chaises et moins d’espace pour la dégringolade.

Après la salle à manger, la gentille madame que l’on appellera pour les besoins de l’exercice « Dorothy » parce que ce serait plutôt bête de l’appeler « Spencer » ou même « Rutherford » puisqu’elle me semblait de sexe féminin. Dorothy donc, décide de monter le charmant escalier qui m’avait impressionné à mon arrivée en m’invitant à la suivre. Ça veut donc dire que j’ai même le droit d’y monter. Yé! Le long du mur en montant, il y a un paquet de vieux portraits avec du vrai vieux monde dessus. À un certain moment j’ai même pensé que Wilfrid me saluait du chapeau mais ça aussi c’est une autre histoire... que je vais garder pour moi pour le moment. On s’arrête au premier palier pour tourner dans un genre de hall. Un autre. Avec une table basse et des fauteuils que je considèrerait aussi de bas puisque je les ai essayé par la suite pour confirmer mes pensées et j’ai bel et bien les genoux dans la face un coup assis. Et croyez-moi, pas facile de remonter de là-dedans un coup campé dans le fond. Je pense Wilfrid et sa gang étaient du genre « court sur pattes » dans ce temps-là. Il y a donc deux chambres sur ledit palier. Une porte sur laquelle il y a un écriteau qui dit : Bryson et une autre sur laquelle on peut y lire : Toller. Cette dernière sera donc la mienne. J’essaie de me répéter le nom dans ma tête pour être certain de ne pas l’oublier et de pouvoir ainsi entrer dans la bonne chambre si je reviens saoûl ce soir. Toller, Toller, Toller. Je pense que je ne prendrai qu’un soda finalement.

Attention au dentier car ça va frapper dur! Je le tiens ferme. Une sacrée chance car la chambre est encore plus impressionnante que le reste déjà vu et mentionné avec pas assez de détails à mon goût. Ça doit de cela que Chantal me parle quand elle mentionne le style « Vintage », mais en vrai. Les moulures sont de couleur vieux rose, très vieux rose même. Avec une tapisserie de style vieillot. Je n’ai pas dit une vieille tapisserie là! Les fameuses moulures doivent avoir une règle de large. Dépendamment de comment vous le prenez, choisissez entre 12 pouces pour demeurer dans le style ou une trentaine de centimètres pour faire plus de mon temps. Les murs doivent avoir une douzaine de pieds. Tiens, me revoilà retourner en pieds. Les mêmes boiseries sur les plancher. Une table de travail sur laquelle on peut retrouver une chandelle dans un vrai chandelier en « brass », un petit kit qui semble servir d’encrier comme dans le temps d’avant les claviers et des stylos modernes. Il n’y a toutefois pas de plume. Probablement trop volatile comme objet. Un appareil radio qui semble fonctionner... depuis près d’une centaine d’années est aussi perché sur une magnifique table de coin. Sur le lit, il n’y manque que les baldaquins pour faire comme dans le film de « Sissi ». Il est énorme. Pour vous décrire sa grandeur, disons que je devrais y avoir suffisamment de place. Un énorme penderie est aussi campée tout près de mon lit. Ah oui, je n’avais pas encore parlé de la salle de bains privée attenante à la chambre de machin chose. J’ai déjà oublié son nom à lui. Trop de détails à tenter de retenir pour ma petite mémoire qui est défaillante. J’en avais déjà parlé de cette faculté si je ne me trompe pas. La salle de bains donc est aussi grande que la chambre à coucher et est composée d’un bain sur pied, vous savez un peu comme dans les films d’Astérix, les bons faits en dessins animés quand les Romains se baignent avec full d’esclaves alentour qui ne rêvent que de se retrouver au cirque, dans l’arène, pour se soustraire à ces horreurs. Il y a aussi une douche tout ce qu’il y a de plus moderne, juste à côté du bain vieux mais pratiquement neuf. Un beau lavabo, lui aussi sur pied mais beaucoup plus neuf et moderne. On dirait même que ça jure un peu comme détail. Probablement qu’il y en a déjà eu un vrai vieux mais qu’il était devenu trop vieux. Enfin!

Je suis donc présentement assis sur un fauteuil en osiers (pas très confortable mais correct dans la véranda juste en avant de ma chambre pour écrire le tout. J’ai vu un magnifique coucher de soleil. Le ciel est devenu orangé comme dans les films qui se finissent bien signifiant ainsi qu’il fera beau demain. Serais-je tout à coup sur une autre planète? Deux jours en ligne de beau temps?

Comme je le disais précédemment, ce soir je n’ai pas de tivi pour voir les Olympiques, je n’ai pas accès à Internet pour vous diffuser le tout immédiatement mais qu’importe. Je le ferai demain. Pour le moment je profite du décor et je tenterai de rêver à un film de capes et d’épées du temps de la colonisation du bas-Canada. Mais j'y pense tout à coup, je n'ai pas vu de fort.

Tiens-toi bien mon Wilfrid, j’arrive. J’en profiterai pour vérifier si vous étiez vraiment des « courts sur pattes » de ce temps-là!

À la revoyure la compagnie!

Sieur « seminar » de Balleux

P.S. : Je mettrai en ligne ce texte demain soir (mercredi) à mon retour. J’ai aussi pris quelques portraits que je tenterai de mettre en ligne sous peu.

Aucun commentaire: