Hier était la première journée de la carrière de Marilou au camp de jour. Un événement s’il en est un. Pour son père en tout cas. Il voudrait bien qu’elle soit nommée recrue de l’année. Comme son père n’a jamais eu beaucoup de talent du côté des sports, il se dit que c’est peut-être la seule chance qu’elle puisse avoir dans ce domaine.
Hier, en fin de journée, je me suis donc pointé à l’aréna dans lequel étaient parqués pleins d’enfants qui couraient et tournaient en viraillant et se fonçant dedans à qui mieux mieux et dans lequel on entendait un individu qui crachait sans arrêt dans un micro des mots inintelligibles.
Après une certaine attente à surveiller d’un œil ce qui se passait sur la patinoire qui soit dit en passant n’était pas recouverte de glace, une charmante personne que nous appellerons Gustave m’a demandé :
- C’est pour qui?
- Euh, ma fille?
- Son nom svp?
- Ah! Marilou Balleux svp.
- Marilou Maheu, qu’elle s’est empressée de garoché dans sa radio.
- Non, Marilou Balleux!
- Marilou Valleu, renchérit-elle dans son machin.
J’ai abandonné d’autant plus que le DJ sur la scène s’était déjà mis à beugler des choses qui se rapprochaient sensiblement du nom de ma fille. Je ne voyais toutefois pas ma fille à l’horizon. J’ai même pensé l’espace d’un instant leur demander d’arrêter de bouger mais j’ai aussi abandonné cette idée. Je tente tout de même un scan de la situation mais je ne la vois toujours pas. Et le petit copain au micro a semblé lui aussi abandonné l’idée de la retrouver puisqu’il crache maintenant d’autres noms dans son parloir. Je reviens auprès de la dame qui est devenu un monsieur entre-temps et lui dit :
- Y aurait-il moyen de la rappeler parce…
- Ce ne sera pas long monsieur, il y en a d’autres à appeler.
- Je m’excuse mais avant d’en appeler d’autres, on va commencer par trouver celle-là, d’accord.
À regret il abandonne à son tour sa chaise et prend son émetteur et tente à nouveau son nom. Le gars du « stage » ne réagit pas. C’est parce qu’il appelle ailleurs. Elle doit être au bricolage me dit-il avec son plus beau sourire en regardant vers le ciel qui n’était en fait que le deuxième étage. Pas de réponse. Son regard me dit qu’il préfère maintenant ne pas m’en aviser et plutôt agir. Sans un mot, il part rien que sur une … et grimpe en haut. Comme si grimper en bas n’avait soudainement aucun sens. Après un temps qui m’a parut une éternité et qui, en fait, n’a dû être que de quelques secondes, il est redescendu tel un projectile et m’a dit à bout de souffle :
- Elle s’en vient.
- Merci, que je lui ai rendu en voyant apparaître ma puce de fille.
- Vous pouvez maintenant aller avec elle pour récupérer son sac à dos.
- Et c’est par où? Mais ma Marilou était déjà partie, je l’ai donc suivie au grand soulagement de Gustave.
Rendu au vestiaire dans lequel son sac devait, nous avons réalisé qu’il était vide! La bouche de Marilou tremblait déjà sa minuscule bouche. J’ai tenté de la rassurer un peu en lui posant quelques questions anodines du genre, ne l’aurais-tu pas changé de place toi-même durant la journée? J’ai cru voir un éclair dans ses yeux. Sur la patinoire, m’a-t-elle affirmé, folle de joie. Nous sommes donc partis à la course, fallait que je tente de la suivre, vers ladite patinoire qui n’avait toujours pas de glace dessus fort heureusement. Un nouveau plancton que nous nommerons Georges se tenait là et faisait office de vigile pour l’accès à l’aire de jeu. Je lui ai expliqué et il m’a laissé passer d’un ton qui se voulait très autoritaire même s’il ne m’imposait pas grand-chose. Mieux valait ne pas lui laisser savoir. À l’endroit où devait se tenir le fameux sac, il n’y était pas. De retour à Georges.
Georges avait dû entendre parler de moi car il n’a fait ni une ni deux quand je lui ai mentionné la disparition. On s’est donc mis à chercher tous les deux comme des damnés mais pas trop quand même dans mon cas. Marilou, quant à elle faisait semblant de chercher elle aussi. Mais pas ben plus que moi dans le fond. Une chance que Georges était là pour nous sauver. Lui aussi a grimpé les marches quatre à quatre jusque vers le haut des gradins pour faire semblant de vérifier si le sac à dos de princesse de la mienne s’y trouvait. Nouvel interrogatoire de moi à elle. Plus sérieux un peu car la bouche ne tremblait plus du tout. Dans son élément avec ses amies, elle se sentait un peu plus brave. Elle a finalement eu un autre éclair de génie et s’est soudainement souvenue que son sac avait peut-être atterrit ailleurs finalement par pur hasard. Georges avait de la broue dans le toupet parce que lui, avait la chance d’en avoir encore un. On a donc retrouvé le sac dans son entièreté. Bravo!
J’ai demandé à Marilou si elle avait passé une belle journée et elle m’a dit que oui. Je lui ai demandé aussi ce qu’elle avait fait. Elle m’a dit qu’elle avait été aux jeux d’eaux mais avec pas d’eau. J’ai renoncé à comprendre cette partie de la journée. C’était trop pour mon cœur de papa-poule pas tout à fait endurci encore.
J’imagine qu’on va venir meilleur dans nos démarches de camp de jour. Aujourd’hui, elle est supposée aller à la piscine. Elle espère qu’il y aura de l’eau dedans. Moi pas trop, ce sera plus safe.
Alain
mardi 30 juin 2009
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1 commentaire:
pauvre papa....pauvre toi!!! console toi...elles grandissent ces petites princesses là :)
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