dimanche 8 mars 2009

Pourquoi je n’ai pas fait plombier

Les français, je veux dire ceux de la France l’autre bord du trou d’eau, utiliseraient plus l’expression : « Pourquoi j’ai pas fait médecine? ». C’est beaucoup plus « hot » que plombier même si les deux travaillent des tuyaux. Enfin… dans le cas qui nous préoccupe, étant donné l’anecdote racontée, j’aurais été mal avisé d’utiliser les termes si chers à Hypocrate plutôt que les non-moins dispendieux de Crane.

L’autre jour donc, pour attirer un locataire potentiel et pour rendre l’endroit un epu plus attrayant, on décide qu’on va changer le comptoir dudit appartement. Le paternel du nouveau locataire était même prêt à participer! Il me dit que si je trouve le matériel, il s’occupait de l’installation. Le rêve pour un concierge. Ça fait que, en compagnie de mon ptit bonheur, je me rends tout pimpant chez Réno pour la cueillette des matériaux et l’accumulation des milles en prime. Avant même d’entrer dans la place, je me trouve un beau chariot vert-turquoise-un-peu-rouillé-énorme-et-qui-fait-un-vacarme-à-tout-casser-quand-je-le-fais-avancer. J’étais motivé. Couic-couic qu’il me répète sans arrêt, le chariot. Après une couple de tentatives infructueuses dans ma rencontre de bonshommes en tablier « vert-turquoise…un-peu-rouillé? », je me rends finalement dans la bonne allée; celle des comptoirs, juste à côté de celle de la plomberie. Le hasard es-tu assez ben fait pareil? Est-ce que je me choisis un comptoir et otus mes trucs ou bedon je trouve l’associé des comptoirs avant? Tellement de questionnements. Je prends donc le temps de choisir le bon comptoir qui équivaut pas mal selon moi au moins dispendieux. Un beau chamoiré pas trop foncé qui aura pour effet d’éclaircir la cuisine et qui ne sera pas salissant pentoute. Un vrai vendeur que je me dis. Parlant de vendeurs, y en a pas beaucoup par ici, hein? Je crois que j’en vois un qui se cache là-bas. Je vais m’approcher de lui, subrepticement.

- Salut!
Il fait comme s’il ne m’avait pas trop vu.
- Oui, oui, vous l’homme en vert-turquoise…
- Je peux vous aider?, semble-t-il me dire pas trop convaincu.
- Oui, pour mon comptoir si j’ai les mesures, pouvez-vous me le couper de la bonne longueur?
- Oui, sans problème.
- Et pour le trou?
- Quel trou?
- Ben c’est dans une cuisine qui va aller. Généralement, dans une cuisine, il y a un évier et tout aussi généralement, l’évier on le met dans le comptoir, non?
- Ah, ce trou là! Si on fait le trou, c’est nous qui devons l’installer.
- Ah oui?
- Ah oui.

Bon. Je me dis que finalement, ce n’est peut-être pas le père du nouveau locataire qui l’installera.

- Ok, c’est combien?
- Pour cela, il faut parler avec Roland.
- Allons voir Roland dans ce cas.
- Vous le retrouverez dans la rangée…
- Non non, tu viens chercher Roland avec moi mon ami. Tu ne t’en sauveras pas comme cela.
- Monsieur, ce n’est pas mon département et…
- Embarques sur le chariot qui couic si tu veux mais tu viens avec moi, ok?
Nous voilà donc en route vers chez Roland. Je raconte de nouveau mon histoire de comptoir à Roland en n’omettant surtout pas l’aventure du trou que je dois à nouveau lui expliquer. Peut-être suis-je un peu martien que de vouloir insérer un évier dans une cuisine après tout.
- Alors mon Roland, tu peux donc tout m’installer cela? Combien?
- Entre nous soit dit mon ami, nos installateurs de comptoirs ne sont pas tellement plombiers.
- Je ne comprends pas là, je devrai payer mais tu me dis qu’ils ne sont pas très bons?
- Non je veux seulement dire que vous devriez faire vous-même le travail de raccordement de la plomberie.
- En résumé, parce que je veux que tu fasses le trou dans mon comptoir, je dois utiliser tes services d’installation qui ne font pas tout le travail.
- …
Roland était un peu sans voix. On a continué à jaser. On a aussi argumenté quelque peu à propos de la date d’installation. C’est à ce moment qu’il a faillit complètement échapper la vente. Ceux qui font l’installation pas tout à fait au complet, ne le font pas le soir. Nous en sommes donc venus à une entente de principe pour le lundi suivant. Demain. Mon ami Roland me dit donc que l’installateur m’appellera pour me confirmer l’heure où il passera le lundi. Parfait mon Roland, merci bonsoir!

La semaine dernière, l’installateur m’appelle.

- Oui monsieur, pour l’installation du comptoir, je pourrais passer jeudi ou vendredi.
- Pardon?
- Jeudi ou vendredi…
- Je pense monsieur l’installateur qu’on ne se comprend pas parce moi jeudi ou vendredi je dois travailler pour payer le comptoir, l’installation et tout le bataclan. Monsieur Roland m’avait dit que ce serait lundi, alors…
- Il peut pas faire des affaires de même sans m’en parler, j’ai d’autres choses moi lundi!
- C’est donc un excellent temps de vous parler! Parce que moi, je ne peux pas jeudi ou vendredi! Clic.

Fin de la conversation. J’étais un peu fâché. Je dirais que moins d’une heure après, le même monsieur me rappelait pour me dire qu’il serait chez moi lundi matin. Bravo Alain!

Entretemps, hier je me suis lancé dans mon contrat de plomberie. J’ai coupé l’eau et suis monté dans l’appartement pour y effectuer mes travaux armé de mes outils et de toute ma bonne volonté. J’ouvre donc les robinets pour vider les tuyaux. Ça coule pis ça coule… Ai-je refermé le bon robinet. Redescends en bas, vérifie tout cela et réalise même si j’ai coupé le tout, le chauffe-eau était plein d’eau. Ça coule pis ça coule… Ça coule pis ça coule… Ça coule pis ça coule…un peu moins. Je me dis que c’est le temps de couper le tuyau et d’insérer ma nouvelle valve. Je coupe donc. Batinsse qu’il y en a de l’eau là-dedans encore. Ça coule pis ça coule…Je m’enfarge dans tout ce qui traine à côté de moi. Faut dire que quand je me déplace, ça en déplace de l’air et de l’eau aussi. Le doigt pris dans le tuyau m’empêche de me rendre à la chaudière. Je dois donc le lâcher pour attraper ladite chaudière. Ça coule pis ça coule… Dans une contorsion digne du Cirque du Soleil, j’y arrive finalement, non toutefois sans y avoir mouillé une partie du plancher ainsi que mon cul qui s’y trouvait. J’éponge un peu. La chaudière se remplit rapidement. Je la vide un coup dans l’évier. J’éponge un peu. Je me décide à effectuer le travail au travers de l’eau qui en coule encore. C’est tout à fait humide comme travail. La chaudière se remplit encore. Vais-je réussir avant qu’elle soit pleine? Non, vaut mieux la vider de nouveau avant de terminer. J’éponge un peu. Je termine la première valve. Ça ne coule plus. Pur couper le second tuyau, je devrai chauffer car la personne qui a fait le travail avant moi la dernière fois a soudé les deux tuyaux ensemble. Je ne peux couper s’ils sont collés. Je démarre la torche à souder que je viens d’acquérir pour les besoins de ces travaux. Ça marche. J’ai le feu. Non seulement au bout du chalumeau mais aussi ailleurs. Je chauffe, je chauffe. Assez pour me bruler sur le tuyau en essayant de le détacher de son ptit frère. Des vrais siamois ces deux-là. Après quelques brulures, quasiment au troisième degré, j’y arrive. Je recommence mon petit manège de coupure, d’éclaboussures et de fermeture. J’éponge un peu, je ramasse les preuves, dans un effort surhumain je me relève de là et d’un air satisfait, je contemple l’œuvre ainsi effectuée. Je suis donc prêt pour la prochaine étape qui sera demain, soit l’installation du fameux comptoir. Il a d’affaire à être à l’heure.

Dans le carnet

J’ai déjà reçu quelques suggestions pour le changement de nom du blogue suite à ma demande de la dernière publication. Denise me propose Vingt milles mots... sur le clavier! J’aime bien. Pierre, quant à lui, est influencé par le dernier écrit et me propose vingt milles lieux sous la terre.Matante Carole qui vit trop souvent dans le sud selon moi et a été trop longtemps éloigné du village me propose Sous les palmiers de Mont Réal. Il n’y en a pas de palmiers à Montréal matante! Lucie, la banlieusarde du 450 propose le Panthéron ou 20 minutes en métro. Comme suggestion, j’ai aussi eu de façon anonyme, la déroute dans ces lieux. J’aime aussi. Le concours n’est pas terminé, j’attends toujours vos suggestions.

Alain

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