jeudi 29 novembre 2007

Quatre trente sous pour une piastre.

Je suis débarqué du très très grand nord hier soir. J'utilise le terme très grand nord parce que comparativement à l'Abitibi que je me plais à nommer à la blague, le très grand nord, pour faire suer mon frère et sa gang qui vivent dans ce coin de pays. Pour illustrer l'éloignement visitée cette semaine, je joins à la présente une petite image!


La première flèche représente environ le lieu où j'étais, soit Eastmain. La seconde, à peu près à mi-chemin de chez moi (la troisième) est tout près de chez mon frère, que je croyais loin et finalement, la dernière représente ma destination du printemps dernier. Pour résumer, je me suis rendu dans le même parallèle que celui de Blanc-Sablon mais un peu plus haut et dans l'ouest oau lieu de l'est.


La vie là-bas est un peu différente de celle que l'on connaît un peu plus bas en ville. Les gens qui y vivent, des Cris ou des Crees, je ne sais trop, sont des gens très calmes pour la plupart. Un peu trop pour moi. Heureusement mon contact, que nous appellerons Lindy, non pas pour camoufler son nom mais plutôt pour l'identifier clairement puisque c'est vraiment son nom, était et doit encore l'être, assez nerveux. À mon arrivée sur place, Lindy m'attendait à l'aéroport. Sans trainer, nous nous sommes attelés à la tâche! Mon chum Lindy avait des plans pour plus tard parce que, à un moment donné, il me lance comme cela, dans le milieu d'une phrase, muni d'un sourire en coin : "Demain, est-ce que tu aimerais voir des caribous?" Et moi de lui répondre en lui tendant un "trente sous" : "Comme celui-là?" Il n'y a rien comme de répondre à une question par une question! Ça donne un peu plus de temps pour répondre. Et Lindy de répondre le plus sérieusement du monde :

- Non non, des vrais!

- Comme genre au zoo, mais dans pas de cage?

- Non non, man! Des vrais dans la nature...

- J'ai le droit d'apporter ma caméra?

- Et moi ma carabine?

- Hey relaxe mon homme! Peace!

- Pour moi c'est normal...

- Je sais mais moi vois-tu, je crois être un non-violent. Tout d'un coup tu lui fais bobo?

- OK, pas de carabine.

- Fiou!


On se donne donc rendez-vous aux petites heures du matin pour la randonnée. Le lendemain arrive très rapidement mais je suis prêt. Caméra à l'épaule, on se rencontre à l'entrée de mon hotel. Ouin, mon hôtel! Le Mandow Inn. Wow! Mais quelle place! Imaginez un peu mon sourire ironique. Mandow est un mot cree qui signifie voyageur. J'ai tout compris. Continue de voyager mon homme, ne reste pas là! Nous partons donc sur la route. J'ai bien dit LA route puisqu'il n'y en a qu'une. La fameuse route qui doit être en gravelle, grenotte ou garnotte en été. Nous ne sommes toutefois pas en été et la couche de neige tombée durant la nuit (je dirais environ 4-5 pouces) n'a pas encore été dégagée de par-dessus la couche de glace qui recouvre ladite garnotte. Jusque là, je trouve le tout normal mais mon chum Lindy n'a apparemment pas l'intention de passer sa journée sur la route et il roule donc à environ 125 km/h. Je suis un peu nerveux. Pas lui. Même qu'en cours de route, il en profite pour me raconter une histoire à propos de chaque arbre ou buisson. En me pointant du doigt les événements, il fixe ladite place en oubliant la route à plusieurs occasions. Ce ne semble pas important. Après 102 km, nous rejoignons finalement le Bay James Highway. Je crois que l'on parle ici de la 113. Pas certain, faudrait ben que mon frère précise ici ma pensée vu qu'il doit savoir c'est quelle route puisque ça part dans son coin. Le fameux Highway 'est pas tellement plus déblayé que la route précédente. À un moment donné, son char lui dit qu'il n'a plus tellement d'essence. Joualvert, on est à 125 km de notre départ! Lindy me rassure en me disant qu'il y en a au campement. J'espère qu'ils n'en manqueront pas, hein? Pourra-t-on utiliser ma carte Air Miles? Non pas de station Shell ou quoique ce soit qui puisse y ressembler là-bas. Sur le bord d'une cabane, il y a ce que eux considèrent être une pompe à essence. Elle doit dater d'avant la guerre. Pas celle du Golfe, là! ni celle du VietNam mais bien la 2e mondiale. Et comble de bonheur, il y a de l'essence dedans! On en profite aussi pour déjeuner. Les émotions ça creuse. Et toujours pas de caribous à l'horizon. Après le déjeuner, Lindy décide de s'informer auprès d'un de ces concitoyens en parlant dans sa langue. Je dirais que le Cree est un mélange d'anglais du mid-west américain, du sud de l'Australie et de la langue de l'Afrique du Sud. Imaginez tout cela avec une grosse chique de tabac dans chacune des bouches qui tentent de se comprendre ensemble. Ils marmonnent donc ensemble pendant environ une dizaine de minutes. Conclusion : les caribous sont à environ une centaine de kilomètres au nord. Un peu loin à mon goût! Heureusement au goût de Lindy. Quelques-uns ont toutefois été vus sur la route de garnotte qu'on vient de survoler un peu plus tôt ce matin. On va donc aller checker cela. On retourne donc sur nos pas. Lindy s'arrête exactement où le gars lui avait dit d'arrêter. Ne me demandez surtout pas comment il a fait pour trouvel la place puisque pour moi, la route semblait semblable du début à la fin. En voici un aperçu :
Mais mon chum Lindy y voit des traces. C'est malheureusement tout ce que nous réussirons à voir de ressemblant à un caribou.
Lindy est très déçu. Il croit que je pense qu'il est "full of it..." Un peu mais pas trop! Il est trop sympathique pour cela.
Un bien beau voyage mais le vieux loup que je suis se sent un peu fatigué ce soir!
Je m'en vais donc me coucher.
Bye là,
Alain

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Ouille, tout un dépaysement, mon frère ! C'est bon pour toi.

Non, je ne crois pas que tu étais sur la 113. La 109, peut-être. Mais, je crois qu'elle change de nom à partir de Matagami.

Pour la caribous, t'as qu'à demander à google. Il va te les retrouver. Arrête de demader aux papoux qui font semblant de parler de caribous, alors qu'ils sont en train de parler de . . . whatever.

Ciao ! Vraiment, un beau récit. Une de tes meilleures proses.